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Mathieu Bottausci, jeune diplômé d’école d’ingénieur, nous parle aujourd’hui de LinkCy, une startup qu’il a fondé avec Romaric Bouxin pour pallier la perte de temps et d’argent lors de nos transactions.

1. Quel est le concept de votre Startup ?

L’objectif de LinkCy est de faire des virements simplifiés d’actifs numériques, autrement dit de cryptomonnaies. Pour effectuer des virements simplifiés, on agrège les comptes d’actifs numériques. On dispose d’un système de carnet d’adresses intelligent qui récupère toutes les adresses publiques (RIB dans la blockchain). Elles sont ensuite affiliées directement à votre numéro de téléphone. Ce procédé simplifie et sécurise le virement. En effet la clé publique est une chaîne d’une trentaine de caractères. Si une erreur est commise, l’argent envoyé est tout simplement perdu. On émet également une carte de débit scindée en plusieurs parties, l’une est bancaire et l’autre permet d’authentifier et de valider les transactions.

2. Comment avez-vous eu l’idée de LinkCy ?

On a eu l’idée de LinkCy il y a 3 ans avec Romaric. Nous faisions du trading toute la journée et on s’est vite rendu compte du parcours du combattant que représentait l’achat des monnaies. Il fallait s’inscrire sur plusieurs plateformes, car aucune ne proposait le même spectre de monnaies. Pour trader toute la journée, on devait sans cesse changer d’application, ce qui devenait vite ennuyeux.

Un peu plus tard, un des anciens associés de mon père m’a demandé de l’aide pour investir dans les cryptomonnaies. Bien qu’il ait géré des fonds toute sa vie, cela lui semblait compliqué. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il y avait beaucoup d’améliorations à apporter.

La dernière raison qui nous a poussé à nous lancer, c’est mon stage. En effet, payer en amont mon loyer et ma caution m’a pris 10 jours et coûté 28 euros alors qu’en utilisant les cryptomonnaies, seulement 10 minutes et 1 à 2 centimes auraient été nécessaires.

3. Quelle est la signification du nom de votre entreprise ?

LinkCy est la contraction de Link Currency. En effet, Cy est l’abréviation de Currency en anglais. On fait le lien entre les monnaies blockchain (une technologie de stockage et de transmission de données distribuées et décentralisées) d’un côté et les monnaies classiques de l’autre.

4. Comment cela fonctionne ?

C’est une application cross-plateformes, c’est-à-dire s’exécutant sur Android et IOS. On se connecte grâce à la carte bancaire couplée avec de la biométrie et on valide la transaction. Pour l’utilisateur, c’est très simple, on colle la carte au téléphone, on pose le doigt dessus et l’application se déverrouille. On a même réfléchi à mettre en place des codes de contraintes, bref, on peut aller très loin dans la sécurisation. Tout dépendra des demandes des clients.

Si jamais on perd sa carte, pas de problème car celle-ci elle est équipée d’un capteur d’empreinte biométrique.

5. Avez-vous eu des difficultés pour fonder votre startup ?

Oui, la plus grosse difficulté a été liée aux banques française. Il y a clairement un double discours :

Dans un premier temps, on nous a rétorqué que les cryptomonnaies étaient dangereuses et finançaient le terrorisme, comme si le terrorisme n’existait pas avant 2009 (début du Bitcoin). Ensuite, on nous a répondu que c’était génial et que c’était le futur. Il y a une vraie effervescence que ce soit du côté du gouvernement ou des banques. Puis vient le discours officieux, lorsque l’on vous explique que c’est contraire aux convenances, que l’on apprécie beaucoup le projet mais que ça ne sera pas chez eux etc …

En public vous aurez toujours le premier discours, mais quand on passe aux actes, plus rien n’avance, c’est dommage !

Déposer le capital a également représenté une difficulté car les banques étaient réticentes à recevoir notre argent même après avoir effectué le KYC (Know Your Customer) et l’AML (Anti Money Laundering). Nous n’avons que partiellement résolu le problème car nous n’arrivons toujours pas à ouvrir un compte en France. On se tourne donc vers l’étranger, vers des juridictions plus « crypto friendly » comme le Royaume-Uni, l’Estonie, Malte, etc. Le jour où les banques françaises accepteront, on rapatriera l’argent si l’on considère qu’il n’est pas trop tard.

6. Comment avez-vous surmonté ces dernières ?

En allant malheureusement à l’étranger, j’avais lu un article des Echos qui disait que les startups de cryptomonnaie ou de blockchain avait du mal à ouvrir un compte en France et beaucoup de banques avait republié l’article en disant que c’était honteux : donc encore une fois, on était dans un double discours.

7. Avez-vous été inspiré par d’autres entreprises ou entrepreneurs ? Ce qui vous a poussé à entreprendre ?

L’entrepreneur que j’admire tout particulièrement c’est Elon Musk, notamment pour SpaceX. Il a monté une compagnie spatiale et il a révolutionné le domaine en très peu de temps. SpaceX réussit à réemployer certaines parties des lanceurs, ce qui représente une avancée incroyable. Il est également à l’origine de PayPal, Tesla, l’Hyperloop et plein d’autres projets encore !

Il croit tellement en ses projets, qu’il va jusqu’au bout, qu’il les teste, et ça, je trouve ça génial.

8. Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

Je pense que c’est de toujours avancer, de ne pas faire de « stop and go ». Toujours avancer instaure une dynamique et l’on se rend compte que si l’on stagne sur un problème et que l’on arrête d’avancer, cela entraîne un bouchon et tous les problèmes vont s’accumuler. C’est en avançant sans cesse qu’on arrive à trouver des solutions au problème d’origine.

Le deuxième conseil que l’on m’ait donné, c’est qu’à mon âge, on me pardonnerait tout et qu’il fallait oser. Par exemple, c’est en osant, que l’on a pu rencontrer Emmanuel Macron à Viva Tech, lui parler du projet et lui donner notre carte.

Ou encore, il y a quelques temps à Station F, il y avait un salon sur la blockchain et j’ai vu trois personnes d’origine asiatique qui étaient bloquées à l’entrée. Je leur ai proposé de les accompagner à l’accueil et j’ai profité du trajet pour leur parler du projet car je savais qu’elles venaient de la plus grande plateforme d’échanges du monde. Je les avais repérées à leur sac à dos floqué aux couleurs de leur société. Il faut juste oser tout en restant respectueux.

9. Souhaitez-vous recruter dans les prochains mois ?

Oui, on recherche pas mal de personnes, surtout des développeurs. C’est une denrée rare. Pour l’instant, on travaille avec une société mais on cherche également à recruter des personnes en interne.

Nous avons beaucoup à faire, que ce soit du développement, de la communication, du marketing, du juridique, ou même, préparer notre émission de jetons numériques (ICO).

10. Quels sont vos prochains challenges ?

Le challenge à très court terme, serait de finir la levée de fonds que nous effectuons, nous recherchons 600 000 euros.

A moyen terme ce serait de réussir l’opération de marketing que nous allons entamer : l’ICO. C’est une émission de jetons numériques qu’on souhaiterait faire d’ici février. En plus d’être une émission de jetons, c’est une levée de fonds.

Pour prendre un exemple simple, le cas d’Air France : une IPO (Initial Public Offering) consisterait à acheter des actions Air France, une ICO à préacheter des Miles. En vendant ces jetons, nous récupérerons de l’argent et le détenteur des jetons aura accès à de nombreux services sur l’application. Ce sont des opérations internationales sur tout les fuseaux horaires, un process très lourd. Le système de cryptomonnaie est accessible 7 jours sur 7 à la différence des marchés boursiers fermés le week-end. Il faut donc être disponible tout le temps 24h/24.

A long terme, nous voudrions obtenir une licence de prestataire de service paiement PSP auprès de l’ACPR, le régulateur français.

11. Où voyez-vous LinkCy dans 1 an ou 2 ?

Dans un an, LinkCy sera déjà en ligne. Notre objectif à court terme est d’avoir 500 000 utilisateurs et d’avoir notre propre licence PSP pour pouvoir émettre directement notre propre carte de débit sans passer par un prestataire.

Site web : https://linkcy.io/ Contact : Mathieu.bottausci@linkcy.io

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